On interviewe Dr Pebble !

On poursuit notre série “5 questions à une jeune maman”. Aujourd’hui, discussion avec Benedicta, aka Dr Pebble, qui témoigne de ses deux reprises !

 

Question : Peux-tu te présenter pour nos lecteurs ?

Réponse : Je suis Dr Pebble. Je n’ai jamais été super sportive mais j’ai commencé le derby il y a 5 ans, alors que j’écrivais les derniers chapitres de ma thèse. Ca me permettait de me débarrasser des frustrations liées à la fin de thèse. Je n’avais pas d’enfants à l’époque mais je suis tombée enceinte pour la première fois la semaine des minimum skills (ndlr: tests de patinage préalables à l'intégration d'une équipe). La trêve commençait, donc je n’ai rien dit à personne jusqu’à la reprise. J’ai accouché en mars 2016 et j’ai repris 14 semaines plus tard, le même jour que j’ai repris le travail. J’ai joué toute la saison suivante dans notre équipe C. En fin de cette saison, je suis retombée enceinte mais j’ai fait une fausse-couche durant la trêve. J’ai pu reprendre la saison sans soucis, toujours en équipe C. Finalement, je suis retombée enceinte en mi-saison, alors que j’étais capitaine de mon équipe. J’ai continué à jouer mon rôle de capitaine du mieux que je pouvais. Ma petite fille est née en août 2018 et j’ai su reprendre les entrainements en douceur dans la team C en octobre.

 

Q : Comment as-tu vécu ta grossesse au sein du sport ?

R : Pendant la première grossesse, j’ai continué à m’impliquer dans le comité Event, qui organisait nos matchs, soupers et la roller disco, à l’époque. J’ai remis mes patins occasionnellement jusqu’au moment où je sentais mon équilibre basculer vers l’avant. C’était gai de revoir tout le monde lors des matchs mais un peu dur aussi de voir les anciennes “co-freshmeat” évoluer, alors que je restais sur le banc de touche. D’autant plus que mon mari était leur coach, et était donc en quelques sorte plus intégré dans l’équipe que moi.

Pendant la seconde grossesse, j’ai continué à jouer mon rôle de capitaine. Il n’était pas question que j’abandonne mon équipe, et cette fois, je voulais qu’on me considère comme faisant partie de l’équipe. J’ai donc donné beaucoup d'entraînements, essayé de soutenir les joueuses comme je pouvais et suivi tous les matchs, du banc ou du merch.

 

Q : Comment s’est passée ta reprise du roller derby ?

R : La première fois, les responsables de la ligue m’ont proposé de reprendre en fin de saison dans le groupe de FM, pour voir comment je me débrouillais. Je n’avais pas vraiment de plan de reprise, à part suivre les conseils de la kiné, faire des balades en patins-poussette, me remuscler un peu... La seconde fois, j’avais un programme très strict en tête avec comme objectif premier de rejouer un match en janvier. Riche de mon expérience précédente, je savais mieux quelles questions poser à ma kiné pour mieux préparer mon retour. Cette fois, pas question de ne pas faire les exercices de rééducation au moins 1 fois par jour! J’ai repris les entraînements sans faire de contact avant de les intégrer petit à petit. Après les deux grossesses, j’ai toujours mis beaucoup de temps à retrouver un bon gainage car mes abdominaux ont été fortement étendus durant les deux grossesses. Mais remettre ses patins au premier entraînement était à chaque fois un peu libératoire: les premières heures sans s’occuper de son bébé à 100%. Me-time baby!

 

Q : Etre maman, ça a changé quelque chose dans ta vie de joueuse ?

R : Je me suis rendu compte à quel point il faut faire attention à son corps, comment on perd vite du muscle et son endurance. J’essaie donc d’introduire des petites sessions de musculation quand j’ai le temps et… l’énergie :) Permettre à chacun (maman et papa) de faire les entrainements et matchs demande un peu d’organisation aussi. On fait souvent appel à cette équipe formidable, “Famille”, pour nous aider à tout combiner ou à un babysit. On a la chance d’avoir deux petits bouts qui sont super heureux de venir nous encourager aux matchs, ou de regarder un bout d'entraînement, mais on sent aussi le besoin de nos enfants d’avoir leur kids-time à eux. Il nous a donc semblé important d’accorder un mois chacun où nous ne faisons pas appel aux aides pour les garder, mais où on skip un peu le derby. Ça n’empêche pas de rester impliqué dans le côté organisationnel. Je suis par exemple une des heads training: je donne alors entraînement quand les petits dorment et que mon mari est là pour les garder, quand les petits réalisent moins que je ne suis pas là.

 

Q : Quel conseil donnerais-tu à une maman qui souhaite reprendre le roller derby ?

R : Tente-le! Mais prépare ton corps et reprends à ton rythme. Discutes-en avec l’équipe médicale qui t’entoure, aux coachs de derby mais aussi avec ton partenaire car il faudra qu’il soit prêt à assumer ou organiser le babysitting :)

 

 

Crédit photo : Julien Duriez